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Citations de « Damien autour du monde »

Damien autour du monde, 55000 milles de défis aux océans, de Gérard Janichon, publié aux éditions Transboréal.

  • P287. La motivation du marin du grand large...

    Mais qu'importent ces fatigues et ces misères ? Car il se trouve quelque chose au-delà de toute misère du moment, qui s'appelle sans doute la noblesse d'être un homme. La dignité d'être un homme. Un homme éveillé, conscient de ses forces et de ses faiblesses, à la recherche de ses limites, peut parfois être effrayé mais, quelles qu'elles soient, demeurera toujours supérieur aux hommes qui dorment, entassés dans les cités, policés, asphyxiés, trompés. Si misérable soit la lumière tremblotante dispensée par la bougie éclairant à peine le compas, elle est supérieure aux milles néons qui éclaboussent les villes et tuent les étoiles. Ce n'est pas par masochisme ou par inconscience que nous venons nous mesurez aux cruelles mers du Sud. La motivation est beaucoup plus saine, je crois. Les systèmes d'information uniformisent tant nos modes de pensée que toute réflexion personnelle devient un acte de courage, et est qualifiée de bravade. Notre réaction contre l'intoxication du monde moderne se devait d'être aussi profonde que fut l'intoxication. Notre esprit d'aventure n'est vraisemblablement pas plus fort que celui d'Alain Gerbault ou que celui de Mermoz franchissant les sommets des Andes, à 7000 ou 8000 mètres, avec un avion qui ne volait pas à plus de 6000 ou 6500 mètres d'altitude. Avec un voilier qui bénéficie des techniques modernes on peut aller beaucoup plus loin et bénéficier de plus de confort que Gerbault. Nous ne sommes pas des inconditionnels de la technique, mais elle existe. Alors s'il reste encore quelque chose à faire sur la mer, il faut l'aller chercher, le conquérir sans esprit de record ou d'exploit mais parce que la noblesse et la dignité de l'homme, elles, se conquièrent dans l'affrontement avec l'inconnu, les dragons vrai ou faux de la nature. Si un jour des voiliers se mettent à courir les mers australes pour la simple gloire, ils seront détruits par ces mers impitoyables et véritables, ou bien leurs skippers vivront toujours dans l'ignorance de la noblesse. Car s'il faut aller très loin dans la conquête, il faut aller très loin en soi-même : c'est là qu'est renfermée la véritable victoire.

  • P310. La fable du crabe.

    Un jour, deux huitres étaient amies. L'une d'elles se plaignait toujours d'un étrange mal intérieur qui semblait la ronger, la faisant parfois souffrir le martyre. À l'inverse, l'autre éclatait de santé: « Ah, ma pauvre, comme je te plains de souffrir ainsi! je me sens si bien, si forte, moi ! » Vint à passer un crabe qui, témoin des jérémiades de la première et de l'indifférence de la seconde, appela celle-là et lui dit en confidence : “Ton amie souffre et toi tu te sens bien. Pourtant, c'est elle la plus riche car elle porte en elle une perle si belle et si rare...”

  • P410. Comment Gérard Janichon voit Bernard Moitessier -- extrait.

    Bernard fait partie de ces êtres qui « magnétisent » et dont la rencontre est déterminante.

  • P479. L'auteur donne un extrait des « choses de la vie », de Paul Guimard :

    « Je voudrais avoir, comme les animaux, l'instinct de mes besoins, tout deviendrait évident et facile, au lieu de balancer entre les désirs superficiels et la recherche confuse de besoins profonds. » (...) La mer, la glace ont un sens si on ne court pas contre mais avec elles. Sans doute est-ce la même chose avec la vie.