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Mon voyage à vélo de 2007 – jour 10

20 août, dixième jour

De Landrake (Cornwall) à Chacewater (Cornwall), environ 110 kilomètres.

« Petit Papa Noël, comme j'ai été pas mal sage cette année (à part quelques écarts de conduite dont je suis pas fier, mais bon qu'est ce que tu veux...), j'aimerais te demander spécialement cette année de me filer mon cadeau en avance. Du beau temps ne serait vraiment pas de refus ! »

Effectivement, la moitié de la journée s'est déroulée sous une pluie continue, qui virait régulièrement aux trombes d'eau. Ça a commencé dès le réveil. Donc petit déjeuner et préparation dans la tente, ça, ça va encore, je suis pas mal rodé. Mais rangement de la tente trempé ça commence déjà à être moins marrant. Enfin jusque là, ça va. Mais une fois sur la route, les côtes me réchauffent (et me trempent bien le t-shirt sous la veste) et les descentes me trempent et le gèlent. Rincez et renouvelez l'opération. C'est le problème que j'ai depuis quelques jours avec la combinaision pluie + côtes fréquentes. Mais cette fois, c'était du joli, vu ce qu'il tombait. J'ai vraiment passé ma pire demi-journée sur un vélo, c'était horrible, je n'avais qu'une pensée: vivement la douche du soir et des vêtements secs. Arrivé vers 11h30 à Bodmin, où je comptais manger, je m'arrête dans un supermarché pour faire quelques courses, et surtout marche un peu au sec (au moins, en marchant, ça réchauffe les pieds qui sont littéralement trempés et font « floc » à chaque pas...). J'ai donc fait quelques courses, tenté de me sécher un peu avec le séchoir des toilettes, rien n'y faisait vraiment. Le t-shirt était trop trempé. Je reprends le vélo pour gagner le centre ville, et là j'ai compris ma douleur: je claquais littéralement des dents, je tremblais et j'avais plus les idées claires. Bref, impossible de rester comme ça. J'ai été passer un t-shirt et un pull secs aux toilettes publiques (yen a partout ici, j'ai déjà dit que c'était bien ? Chaque ville a son parking [long terme] où les gens se garent et vont ensuite à pied, en bus pour les grandes villes, vers le centre. Et il y a généralement des toilettes sur ce parking. Ça c'est bien foutu! Bref.)

Une fois changé, j'ai commencé à revivre! J'ai été finir de sécher et me reposer dans un fish'n'chips (pas génial ce plat, je m'y fait pas, et leurs frites sont nulles, mais bon passons) où j'ai d'ailleurs revu la famille française croisée dans le supermarché. C'est pas une grande ville, mais c'est marrant quand même.

Une fois mangé, je cherche à repartir et consulte un plan (c'est trop rare les plans de ville ici, pire qu'en France, si vous voulez mon avis), et une femme me propose son aide. Je lui explique que je veux aller prendre cette petite route, là, sur ma carte. Elle réfléchit, et m'explique deux fois la meilleure façon d'y arriver selon elle. Elle repart, pas convaincue, je crois, que j'aie bien compris ses explications. Moi non plus d'ailleurs, mais je suis ce que j'ai compris de ses explications (j'ai pas tout compris à ce qu'elle a dit mais je pensais avoir compris le plus gros), je prends la grande route, hop les deux ronds-points (ah, c'est de ça qu'elle parlait en faisant des ronds avec ses mains), là elle a dit tout droit vers Lanivet. Ok, faisaons ça. Plus loi, elle m'a parlé d'un truc touristique sur la droite, avec un nom que j'ai évidemment oublié. Ah, tiens, un truc de poterie ou je sais plus quoi. Ça devait être ça le nom oublié. Essayons là. Un plus plus loin, un (rare) panneau m'indique une petite ville qui devait être sur ma route d'après ma carte. Bingo! Quelle sortie de ville efficace grâce à cette dame qui m'a bien dépanné malgré mon air surement dubitatif à la fin de ses explications. Merci madame!

Oui, parce que je trouve qu'en dehors des grands axes, les routes sont bien mal indiquées dans ce pays, les panneaux indicateurs trop rares, c'est bien dommage, parce que c'est tellement sympa de prendre les petites routes tranquilles qui passent à côtés des cottages. C'est comme ça que j'aime rouler. Des petites routes presques désertes, pas trop vallonnées, qui traversent des bleds jolis aux belles églises. En France, les routes sont au milieu des champs. Dans ce pays, et surtout en Cornouailles, elles sont longées de hautes haies de 2 à 4 mètres, et ici elles sont souvent presque enterrées, avec plus d'un mètre (parfois bien plus) de terre de chaque côté, plus la haute haie. On a pourtant pas l'impression d'étouffer entre ces haies, et elles coupent le vent, avantage non négligeable.

J'ai donc passé l'après-midi sur ces petites routes, sans aucune pluie depuis ma halte de la mi-journée, c'est une chance, parce que je saturais bien, là! Avec tout ça, j'ai bien avancé, j'ai atteint mon objectif de la journée le plus optimiste. Je suis à Chacewater (on pourrait presque dire que ça veut dire chasse d'eau. De là à dire qu'on est dans le trou du cul du monde... Oh non! Tu va pas nous faire des blagues aussi pourries !? -- ça, c'est ma petite voix qui me dit ça, je vous ai déjà parlé d'elle ? des fois elle parle un peu comme celle de magnum, la série télé, et elle parle souvent dans sa barbe, voyez-vous, et elle m'accompagne dans mes longues randonnées. Enfin bref).

Bref, je suis dans un camping sympa et propre. Pas donné, mais correct. Presque le double du tarif d'hier, 12 livres cette fois, mais bon j'ai cessé de m'étonner. Et puis le prix est proportionnel au nombre de camping dans le coin. Plus il y en a, plus c'est cher. C'est assez touristique dans le coin.

En faisant mes derniers kilomètres, je vois un cycliste sur le bord de la route. Je lui fais signe, il me réponds pareil. Il avance à la même vitesse que moi. Il a l'air d'avoir le même vélo, mais tout sombre, et lui aussi d'ailleurs est noir. Ah, mais attendez, c'est mon ombre! Je l'avais pas reconnue, depuis le temps! Le soleil a décidé de me faire un petit coucou. C'est plutôt bienvenu, et très utile pour faire sécher les affaires en arrivant au camping (surtout la serviette de bain, sinon bonjour l'ambiance à la sortie de la douche, s'essuyer avec une serviette encore mouillée de la veille, ya mieux, mais que voulez-vous...)

J'ai même eu droit à un beau défilé de nuages devant le soleil couchant, pendant que je mangeais, c'était sympa. Bon, il se fait tard, bien que je ne sois pas arrivé tard au camping (19h), ça passe vite. Vite, le repos pas trop mal mérité pour une fois.

À Bodmin, un puit au bord d'un trottoir a attiré mon attention.

Cette tablette raconte que le puits s'appelle Bree Shute, et a autrefois eu la réputation de guérir les yeux. Bree, ça me rappelle quelque chose... Frodon serait pas passé par là ? ;) Déjà qu'un certain nombre de noms de localités finit par combe, comme le Fondcombe de la Terre du Milieu, on pourrait croire que Tolkien a visité ce pays avant d'écrire sa célèbre histoire.

Passage sur un pont qui paraît dater du moyen âge.

Les routes sont agréables dans ce coin, et longent parfois de petits ruisseaux au fond de vallées verdoyantes.

Je croise une église un peu originale, désolé, j'ai pas résisté à la photographier.

La vue depuis le cimitière est très jolie.

Encore une petite rivière dans cette charmante campagne anglaise.

J'aime bien ces collines quadrillés de haies.

Une autre église aux pierres verdies par des mousses, qui donne l'impression d'être un décor de cinéma. Ça pourrait figurer facilement dans le seigneur des anneaux.

Le cimetière de la petite église.

Un Ye know not when (quelque chose comme vous ne savez pas quand) qui sonne comme un avertissement. L'intention devait être de se tenir prêt à paraître devant Dieu, mais personnellement je le prendrais plutôt comme un Profitez de la vie, bordel.

Petite pause à une intersection. Give way (Cédez le passage)... à mon vélo ! ;)

Coucher de soleil pendant mon dîner, avec le spectacle gratuit du défilé de nuages dans le soleil couchant.